Tic – Tac .

Tic – Tac .

9 août 2018 0 Par Loup

⏰ Tic – tac – tic – tac. ⏰

Je lève la tête, regarde l’horloge de notre appartement, et constate que je tourne en rond comme un loup en cage depuis maintenant deux bonnes heures. 🤔⏳

En arrêt depuis quelques jours, rongée par le stress, rien ne va. Ou plutôt tout va, mais de travers…Je ne compte plus les semaines depuis que je ne dors plus sans somnifères, et quand je dors enfin, mes nuits sont peuplées de rêves farfelus mêlant film d’horreur, drame psychologique et vie au bureau. 😰

J’ai la gerbe chaque matin, et je ne peux que constater à quel point je suis hargneuse tous les soirs en rentrant… J’ai de la chance d’avoir un homme compréhensif, j’vous le dis ! 😉Tout en passant un énième coup de fil pour tenter d’améliorer tout ça, je regarde le colis que j’ai reçu le matin même, contenant deux jeans kevlar que j’avais hâte de recevoir, et je les fusille du regard. 😡

Ces jeans moto affichent une taille déprimante, et pourtant n’ont même pas la décence de me laisser entrer dedans… Je repense à la taille indiquée sur l’étiquette, et cela finit de m’entamer le moral. 😰
Bon sang, mais qu’est-ce que les femmes ont fait au monde, pour que ce qui était avant des « tailles normales » soient devenues des tailles « baleine obèse »..?! 😠

Je hais ce sale colis qui vient de me rappeler entre autres que dans un monde de crevettes, je n’ai pas ma place.Cela paraîtra anodin pour beaucoup, mais voilà, pour moi, ce fut le seau d’eau qui fit déborder le dé à coudre; et je craque. 😩Je craque, et laisse littéralement tout tomber; je met le colis dans un coin (puni!), et pars dans l’entrée, déterminée.

J’attrape mon casque, mon cuir, mes gants, enfile les nouvelles chaussures qui sont arrivées en même temps que les jeans (et qui ELLES affichent une taille réaliste…), branche mon intercom, ferme la porte et dévale les escaliers.

Je fonce bille en tête vers le garage, l’ouvre, et en sort ma Noireaude. Toi, tu me comprends, ou en tout cas, tu ne me juges pas, et c’est déjà énorme (à celles et ceux qui me diront qu’une moto ça n’a pas de sentiment, tout ça… je répondrais avec un sourire « TGCM ». NAH. 💕).

Je démarre la belle, ferme le garage, met mon casque, et monte le son de l’intercom.

J’enferme ma hargne dans mon cuir, cache mes poings dans mes gants, et prend la route, direction « partout sauf dans le coin ». 😒

Et je roule. Je roule. Je roule.

Et peu à peu, cela se produit, enfin : je sens les mesquineries du bureau, la pression que je subis, mon stress, et enfin ma hargne, s’arracher de moi, et s’envoler, loin derrière. Allez-y, partez, personne ne vous retiens. Partez, et ne revenez pas. Je dirais même, « foutez-moi la paix ». 😔

Et je roule. Je roule. Je roule. « Bienvenue dans le Lot-Et-Garonne ».

Je rencontre un virage, puis un autre, et encore un autre.

Je m’arrête cueillir une fleur dans les champs de tournesols, croise des vaches, et roule au milieu des arbres, profitant de l’odeur du foin, de l’air s’infiltrant dans mon casque, du calme… Il n’y a enfin personne. 😯

Et je roule. Je roule. Je roule. « Bienvenue en Dordogne ».

Juste ma Noireaude, ma musique, et moi. Je ne regarde ni le compteur, ni l’heure. Je me contente de rouler, gardant à peu près le Soleil dans mon dos, pour aller à l’opposé de chez moi.L’heure tourne, et je n’ai de cesse de repousser ce moment fatidique où je devrais rentrer. 😐

Je ne veux pas rentrer. Je ne veux pas y retourner. Tout, mais pas ça.

Laissez-moi rouler, encore un peu, un peu plus fort, un peu plus loin. Juste quelques kilomètres de plus.J’envisage à ce moment le plus sérieusement du monde de partir « pour de vrai », de tout laisser tomber, de ne pas rentrer, et de me débrouiller avec le contenu de ma sacoche de réservoir (une bouteille d’eau, un couteau, un briquet, une housse de casque… Le tout en mode « T’inquiète barquette ça passe laaaaarge, avec tout ça j’te monte une tente de luxe avec jacuzzi, et à une main 😎 »).

Je pense à ma moitié, qui ne va pas tarder à rentrer et trouver l’appartement vide. A cette pensée, je tourne la moto vers le Soleil, et fais demi-tour.

Je m’arrête une dernière fois, sur les bords de la Dordogne, à Branne, pour profiter de la vue et du calme, avant de rentrer d’une traite.J’arrive fatiguée, mais délestée d’une bonne partie de mes tracas, allégrement largués sur les 300km qui ont constitué le parcours du jour…Et pendant que la belle s’endort dans le garage, je remonte jusqu’à notre chez-nous.

Trois étages et un poumon plus tard, je passe le pas de notre porte, un peu triste que la journée soit déjà finie… 😟😢

 Puis je le vois, et mon sourire revient.. 💕