Cévennes, jour 4 : Carpette diem, carpette noctem.

Cévennes, jour 4 : Carpette diem, carpette noctem.

15 août 2018 0 Par Loup

Je reçois la veille au soir un message sur Facebook, d’une personne me disant avoir croisé ma belle Noireaude, endormie devant notre QG, en rentrant chez lui… Surprise de croiser aussi loin de chez moi un lecteur, ma curiosité est piquée, et nous décidons de lui proposer de nous rejoindre pour le café le lendemain matin…. 🤔🙃

La nuit fut longue. Après m’être réveillée toutes les 30min/1h, c’est totalement enfarinée que j’ouvre définitivement l’œil… ou en tout cas essaye.
Il est 07h30, et avec mon homme, constatant notre état de fatigue (principalement du au fait que je ne dorme pas, et que donc je l’empêche de dormir, nous décidons pour cette dernière journée de prendre le chemin le plus court (comprendre le plus rapide) pour rentrer, afin de pouvoir « gratter » un maximum de sommeil. Mais comme toujours, rien ne s’est passé comme prévu~ 😲

– – –

A 09h00, les valises se terminent en hâte, chaussettes sales et affaires de moto sautant une à une à bord… Pendant ce temps, en bas, nous attend notre visiteur du jour, Thomas, un motard très sympathique, monté sur une MT-07 bleue.
De rapides présentations, et nous partageons un très bon moment autour de café, de chocolat chaud, et de chocolatines (oui, CHOCOLATINES); nous décidons d’un commun accord de faire un bout de route ensemble, en direction de Bordeaux pour malgré tout nous avancer. 😅

10h30, casques sur les caboches, gants enfilés, blousons fermés, nous sommes sur le départ. Les motos de mon homme et de notre compagnon du jour rugissent, tandis que la mienne miaule timidement sa volonté d’aller manger du bitume…
Y’a pas à dire, la Noireaude a plein de qualités, c’est certain, mais bon sang, le bruit (ou plutôt non-bruit) du pot me rend chèvre. Seule ça passe, mais à côté des autres, y’a de quoi complexer… Bon, vu le prix des pots, on va attendre avant de le changer hein. Mais quand même ! …Tristesse. 😅😭

Lancés, direction Espalion, nous empruntons de jolies routes viroleuses, les hommes devant au loin, la Noireaude et moi derrière, mais à ma grande fierté, elle comme moi n’étions pas à la ramasse ! C’est juste qu’à un moment donné, bon, ben mes Shetlands s’essoufflent hein. Surtout dans les lignes droites ! …Mais c’est l’asthme, ça. Oui, parfaitement, mes Shetlands de moteur sont asthmatiques, c’est pas leur faute. 😇

Arrivés vers 12h30, nous cherchons un endroit ou manger, et trouvons un restaurant avec un joli cadre, et un serveur très agréable ! Le repas se passe, et perdus dans notre conversation, nous ne voyons pas l’heure tourner… 😨

15h30, après un léger choc face à l’heure affichée, nous nous séparons et laissons notre camarade pour prendre définitivement la route de la maison.

C’est avec régal, malgré un état de digestion avancé, que je découvre les routes que nous empruntons, pour la plupart bordées de nature, et souvent accompagnées d’un cours d’eau… et malheureusement parfois de graviers.

Et évidemment, comme sur toute belle route, il y a toujours un véhicule qui a oublié l’existence de la pédale (ou poignée) d’accélérateur… Dans mon cas, ce jour-là, c’était une moto.
Roulant laaargement en-dessous des vitesses légales, mais installé au milieu de la route, cette charmante personne fut soudain perçue par mon cerveau comme une entrave à mon petit plaisir viroleux. Je voyais, je sentais dirai-je, au loin, les virages m’appeler, et comme je n’ai aucune envie de m’emplâtrer dans une voiture arrivant à contre-sens dans un virage en aveugle, je savais que je n’avais d’autre choix que de me dépêcher à le dépasser avant d’être coincée définitivement derrière… 🤔
J’attends donc la sortie d’agglomération, regarde au loin, fais mes calculs, met mon clignotant, et déboite sitôt le panneau passé.

Ma Noireaude, répondant parfaitement à mes demandes, s’élance furieusement sur le bitume. Je dépasse la moto en courbe, et plutôt que de me rabattre immédiatement, comme j’ai de la visibilité, j’en profite pour préparer le virage qui se rapproche… Pleins gaz (dans ma tête hein, concrètement j’étais probablement à 80…), les jambes serrant mon réservoir, mon bassin suit ma belle tandis que mes épaules se déportent légèrement vers l’intérieur de la courbe, entrainant la machine dans son mouvement. J’entre dans le virage, grisée, sur ma voie, en sécurité, et avec une trajectoire quasi-parfaite. Le temps de le finir, et je jubile.
J’ai le sentiment d’avoir progressé, car j’arrive enfin à passer les virages sans trop de contraintes (pour la moto ou pour moi), et ce, principalement et simplement parce que mes trajectoires sont bien plus propres qu’avant ! 😎

Ce coin du pays est parfait pour s’entraîner, et je ne peux que déplorer l’absence de telles portions dans ma région…

Je profite ainsi avec elle, la tête vidée, sur mon nuage, de chaque petite courbe, chaque reprise, avec cette idée omni-présente, que oui, les motos ont une âme.

Nous faisons une pause à Figeac, après nous être un peu perdus. Il est 17h30, le temps d’une pause vidange pour les motards, et c’est reparti.

Sur les coups de 20h, je croise l’opposé total du motard-escargot d’un peu plus tôt.
Je me retrouve avec un espèce de super kéké, à fond sur sa brêle, avec pour seul avantage apparant qu’il a bien trop de poneys pour pouvoir les compter.
Il me voit, et veut jouer au plus rapide, à celui qui sèmera l’autre, en somme. 😅

Malheureusement pour lui, c’est une section viroleuse, et j’ai beau n’avoir que des Shetlands asthmatiques (si, si), je leur fais confiance et les connais, contrairement à lui et son armée de Mustang sous stéroïdes et caféine.

Je le dépasse donc une première fois, il me rattrape en ligne droite, un virage arrive, il freine, et ne relance pas sa moto à la sortie; je le dépasse donc à nouveau, jusqu’à la portion suivante de ligne droite.. et ainsi de suite jusqu’à ce que je le vois littéralement vriller, péter un plomb, mettre plein gaz et partir comme un branque, les pieds en canard, le regard bas, se mettant en danger sur une petite route à peine assez large pour deux voitures, et où donc les gens mordent systématiquement la ligne.
A ce moment-là, je me dis qu’il est officiellement trop con pour en valoir la peine, qu’il ne maîtrise absolument pas ce qu’il fait, et que je vais donc le laisser aller se tuer tout seul. Navrée, mais à un moment donné, moi, passé un certain stade j’peux rien faire… 😒

20h45, nous arrivons enfin aux alentours de Bergerac, et nous posons pour notre désormais traditionnel McDo de fin de roadtrip. Installés à une table, nous regardons le temps qu’il nous reste pour rentrer. Je me sens soudainement assez mal, des maux de tête intenses apparaissent, mes mains tremblent, et j’ai le sentiment d’être vide de toute énergie. Je n’arrive au final pas à manger et me contente d’une petite bouteille d’eau minérale comme seul repas. 😵
Nous retournons ensuite sur le parking, où je m’assois par terre et prend ma tête entre mes mains, prise de photosensibilité, et la simple lumière des lampadaires me donne à ce moment-là le sentiment d’avoir des aiguilles plantées dans les yeux.

Nous discutons des solutions s’offrant à nous : laisser ma Noireaude toute seule sur ce parking de McDo et rentrer à deux sur sa moto, pour revenir la chercher dans quelques jours, ou tenter quand même le trajet et rentrer, doucement, très doucement.

L’idée même de penser à laisser la Noireaude aussi loin de chez moi, toute seule et sans surveillance n’est pour moi absolument pas envisageable, et je rassemble mes dernières forces pour l’heure et demi de trajet qu’il nous reste.
Hors de question de laisser « mon » bébé tout seul ici. 😨
J.A.M.A.I.S. 🙄

Une fois en selle cependant, l’intercom et la musique branchés, je me met dans ma bulle, et me sens mieux, photosensibilité à part.
Et justement, il a fallu que nous tombions sur une voiture dont la passion était de coller aux gens, en faisant des appels de phares évidemment.
Nous décidons de le renommer poétiquement « Jean-Connard ». 💕

Malheureusement pour lui, Jean-Connard est tombé sur les deux motards les plus têtus et revenchards du secteur. C’est pourquoi, lorsqu’il nous a enfin dépassés, nous nous sommes gentiment installés derrière lui à distance raisonnable évidemment, et bien sûr, en plein phares.
PWAHAHHAHAA. 😈
Une activité qui contribuera à me maintenir alerte sur de nombreux kilomètres, jusqu’à ce que notre petit J-C après de nombreuses tentatives pour nous semer, finisse par voler de ses propres ailes et prenne une autre route…

Enfin arrivés, nous atteignons finalement notre garage à 23h00 et quelques, lessivés.
Nous bordons les motos, et franchissons la dernière étape entre nous et le repos : 3 étages, à grimper à pattes, biensur. 😪😪

Et cette phrase me vient : « Carpette diem, carpette noctem« .

Ce sera donc le titre très approprié de cette dernière journée, qui marque la fin d’un roadtrip de 1300km, qui m’a donné envie d’en savoir plus sur les Cévennes.

Et il est certain que j’y reviendrai.